Cauchemar étrange

Nuit sans lune, sans étoile. Le noir, le brouillard, le froid.

Le givre se pose sur tout ce qu’il touche. La rouille fait place à la glace. Prise dans une gangue de gel, elle se débat. Ses lèvres se craquellent sous les mots qu’elle a le droit de chercher à formuler. Vider enfin son cerveau, faire rouler sa tête dans ses mains pour la livrer aux loups, aux fantômes, aux spectres et aux démons qui la hantent.

Encore un fond d’espoir; sa respiration haletante s’échappe de ses narines, affine la paroi de cette prison de verre. Une fissure, une minuscule fissure dans le bloc rigide et la vie rejaillit.. Son cœur bat si fort que ses côtes se soulèvent tels des arbalètes et des épées dressées pour pourfendre le hasard .

Non elle n’a surtout pas la berlue! Un rayon de lune se pose sur son épaule transie. Une petite maison, celle d’un ami, d’un petit prince à la douce mélodie lui réfléchit une douce chaleur. Serait- elle en train de vivre comme dans un film, au ralenti, aux images noir et blanc que des scratchs abîment? Libre, elle veut être libre et sortir de ce faux cocon qui l’enceint. Et crier, crier ou murmurer au vent du nord, de l’est, du sud et de l’ouest que rien ne sera plus comme maintenant.

Le cube se désagrège la livrant grise et frissonnante comme après une douche froide forcée dans un asile d’aliénés. Aliénée, elle l’est sûrement .Quelle douce maladie inventée par les humains pour éviter la furie. Et comme Alice , voilà qu’un lapin blanc ou un lièvre des neiges passe sous son nez  et s’engouffre dans un minuscule trou noir, une spirale qui vous hypnotise si vous visez le centre. Elle s’en approche, aimantée. Va -t’elle tomber(  tiret ou pas tiret )?

Non, elle s’agrippe au sari magique que des branches salvatrices, comme des mains gigantesques aux multiples doigts, lui tendent . Sauvée, elle est sauvée encore une fois. Le droit de dire merci aux ombres de la nuit, de s’enrouler dans ce tissu odorant d’épices orientales et de marcher lentement , paisiblement vers un havre de paix et de tranquillité pour retrouver ses enfants perdus, ses petits de sans- papiers qu’elle embrasse d’un regard bienveillant.

Son nom, elle l’a oublié. Amnésie passagère, vue brouillée, articulations douloureuses et ce mal de crâne qui la reprend encore mais qu’elle accepte. Il fait partie d’elle, comme la pièce d’un puzzle qui ne finira jamais de se faire et se défaire au gré des jours .

Ce dont elle se souvient c’est du droit de dire non aux mensonges, à la calomnie, à ce qu’on veut lui faire gober et pas que des œufs! Nicolas, Pimprenelle ont quitté leurs desseins animés par des relents de pouvoir et de gloire encensés par l’argent et l’or, ces marionnettes qui gesticulent au loin et cherchent à l’attirer vers de faux paradis, l’enfer plutôt pour mieux se réchauffer! Le droit de s’exprimer et le droit à être, ou paraitre. Renaitre et se battre pour des droits et des gauches, pour le respect à une vie privée de sens qu’on lui avait dérobé, un leitmotiv qui vrille dans sa pauvre cervelle.

La lune miroite enfin et ses reflets dans le lac  sont si beaux qu’elle en pleure d’émotion. Chaque larme versée se métamorphose en graine. Le sel de la vie s’écoule inexorablement pour se répandre et faire fondre la neige de son âme retrouvée. Réveil!

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