Fleurs d’Espoir – Burgendy, épisode 2

L’île de Burgendy , dépeuplée de ses  habitants partis contre vent et marée sur les frêles embarcations, retentissait du mugissement du vent  incessant , entêtant. Il  ne pouvait cependant effacer toute trace de leur empreinte. Quand reviendraient-ils ,s’ils le devaient ou le pouvaient? Il n’y a peut être plus d’espoir à faire demi tour. Tourner la page, après avoir dessiné le point final du dernier chapitre d’un des tomes du livre de la vie. Ils sont partis sans valise mais avec tous les souvenirs gravés à jamais qu’ils entraineront avec eux dans leur tombe. Sur le marbre, la pierre, une simple croix ou un signe dans le sable restera la marque de leur passage, à moins qu’ils ne soient engloutis dans les flots  si aucune main ne se tend pour les accueillir. Combien mourrons lors de cette traversée sans pouvoir aborder l’autre rive ? Armés de leur foi, le respect en toute chose, tout être qu’il soit d’une laideur  repoussante à la limite insultante, qu’il soit auréolé tel un saint, magnifié de belles phrases (épitaphe ou anagramme ), leur peau diaphane , transparente , exangue raconte leur calvaire . Ce périple dangereux, cette aventure humaine les unit au plus profond d’eux même, les emmène au-delà de toute frontière connue, représentée sur une cartographie, un parchemin, une mappemonde de l’imaginaire fertile et inépuisable. Leurs bras harassés, épuisés, brisés par les efforts incessant de manier pagaies, pelles, battoirs  pour propulser cette embarcation vers l’inconnu, tétanisés par l’accumulation d’efforts sans repos sont autant de racines d’un arbre de vie. Même Madame la Mort peut pointer le bout de sa faux, ils ne lâchent pas si ce n’est  une bordée de jurons dignes du Capitaine Haddock. Une des passagères, la plus fragile, fluette comme un fétu de paille, comme une plume de colibri, quasi nue, s’arrache un à un ses longs cheveux, les tresse patiemment en une cordelette , sculptant de savants nœuds en forme de fleurs. Elle murmure une incantation dans une langue étrange et jette à la mer ce cadeau, cette offrande. Date anniversaire d’un des siens ? Et tel le Bouddha, toutes les émotions du Monde transparaissent tour à tour sur son visage éclairé alors d’une lueur transcendantale. …….   

Le chapitre n’est donc pas clos. Laissons sécher l’encre qu’elle soit noire, bleue, violette, verte , rose ou sympathique. L’histoire s’écrit au jour le jour dans les secrets du sommeil paradoxal.