Un petit quizz distrayant et futile a attiré l’attention de Lafraise . Portant sur la lingerie fine, il fallait reconnaitre l’appellation de pièces variées composant les sous -vêtements , les « dessous » qui parfois mettent le sens au plus hauts ( quel comble pour des bas!). Du soutien-gorge aux collants, du slip brésilien au porte- jarretelles (déjà visité sur ce blog, il y a quelques années), c’est une petite anthologie de la lingerie féminine qui s’affiche au grand jour, de haut en bas . Accrochez -vous !
Le soutien- gorge : Décidément la langue française recèle de faux amis , euphémisme que la gorge pour ne pas dire les seins. L’ancêtre de ce soutien , apodesme grec, strophium romain avait plus pour rôle de les cacher que de les mettre en valeur. Un gout plus prononcé pour les silhouettes androgynes que pour les protubérances , les canons en matière de beauté féminine voient tour à tour se bander, se cacher ou au contraire dévoiler, redresser , faire pigeonner ces attributs de morphologie féminine.
Gorgerette ou brassière , dont le diminutif « bra » en donne l’étymologie anglo-saxonne, il va s’intégrer pendant des siècles au corset . Il faudra attendre la fin du XIXeme siècle pour séparer les seins en deux bonnets distincts, leur assurer confort et réel maintien .
A corbeille, pigeonnant ou à balconnet , ils avantagent le décolleté. Petits artifices que les redresse seins, les coussinets, push up , fermeture dans le dos ou devant, baleines ou maintien renforcé, leur forme de bonnet du triangle ou du bandeau, mamelons pointus ou rondeurs douces , chacune y trouvera son modèle . Brandi comme porte drapeau par les féministes , brulé ou remis en cause sur les bienfaits de le porter ou non , interdit par certains, érotisé par d’autres le soutien -gorge s’affiche et se coordonne . Objet à réveiller les convoitises, les désirs il est surprenant de le voir arborer le nom de Bikini ( île tristement connue pour les essais nucléaires) lorsqu’il se mouille pour les loisirs aquatiques et devient maillot de bain mis à l’honneur par les pins-up de l’époque .
Culottes, slips : Qu’elles soient fendues comme les portaient jadis les femmes au champs ( plus fonctionnelles pour uriner sans avoir à se dévêtir et en toute discrétion), ce sont leur échancrures, leurs formes plus ou moins enveloppantes de l’anatomie hanche et croupe qui en déterminent le nom . Intégrée et solidaire de la partie recouvrant le tronc et c’est le body qui la remplace. Tout comme le collant, c’est au monde des danseuses qu’il quitte le milieu sportif pour venir rejoindre les tiroirs et le corps passant de dessus à dessous. Recouvrant les hanches , descendant sur les cuisses nous retrouvons le panty.
troupe du Moulin Rouge- French Cancan & dessous dévoilés.
Ah ce fameux panty, culotte longue jusqu’aux genoux bordé de petites dentelles , dévoilé aux yeux d’un public plus ou moins averti par les fameuses danseuses de french cancan et mis en peinture par Toulouse Lautrec avant d’orner les photographies érotiques vendues sous le manteau .
Moins de tissu, Il devient boxer ou shorty se parant d’un volant comme une mini jupette. Montant sur le ventre , c’est le slip gaine , renforcé de fibres élastiques pour effacer quelques bourrelets que les corsets d’antan comprimaient également.
Slip italien, brésilien, tanga au string , les fesses , les hanches se couvrent ou se découvrent et ne croyez pas que le prix de ces dessous s’allègent avec la raréfaction de la quantité de dentelles, de soie et autres matériaux et tissus. Loin de là , plus c’est petit et plus c’est cher.
Le corset lorsqu’il abandonne les bretelles devient bustier puis gaine. Perdant ses œillets, ses agrafes, ses baleines , noués; lacés devant il devient guêpière affinant la taille et faisant bourdonner dentelles , perles, rubans pour y accrocher les bas et montrer le slip ou la culotte échancrée qui la complète. Plus légère à très fines bretelles elle devient caraco et lorsqu’elle habille les nuits c’est la nuisette qui apparait sous son déshabillé ouvert et transparent parfois. De l’art de voiler et dévoiler les atours de jour comme de nuit , la lingerie n’a de cesse de se montrer diverse et variée, sage ou coquine.
Abandonnant le haut, le serre- taille reprend alors le flambeau . Des origines du porte jarretelles , simple ceinture orné de rubans . A leurs extrémités , des crochets , des fermoirs , des pinces comme celles des bretelles à pantalon de ces messieurs pour y accrocher les bas de chausses comme on les appelait à l’époque. Remontant l’échelle du temps , les porte jarretelles , vers 3000 avant JC n’étaient portés que par les hommes. La jarretière, simple anneau de contention et maintien anti glisse de la chausse, la chaussette ou le bas, laissant voir quelques centimètres de peau à la racine de la cuisse ou plus au dessus ou en dessous du genou laisse place au porte jarretelles , préconisé médicalement par Mr Féréol Dedieu pour éviter le garrotage.
Le strophium romain s’accompagnait de fascia crurales complétant le bandage abdominal couvrant le ventre et les hanches, le zona. Tenant plus du caleçon à pieds , les collants ont, en fait, précédé l’avènement des bas. Ce n’est qu’au XVIeme siecle qu’on sépara la culotte des jambes et que naquit cet objet les couvrant et les allongeant , objet de fétichisme chez certains hommes. D’abord tissés , les bas sont de laine, de cuir, de brocards, de soie rehaussés de fils d’or ou d’argent . Ils abandonnent progressivement les jambes masculines pour parer celles des femmes exclusivement. La rayonne ou soie artificielle en démocratise le port au début du XXème siècle. Loin d’un objet de séduction, les bas avant le retour en force du collant, apanage des danseuses, avec l’arrivée de la mini-jupe ( Mary Quant, 1968) font partie intégrante des pièces vestimentaires . Il était de bonne moralité pour les jeunes filles et les femmes de ne point se montrer jambes nues. Apogée du bas Nylon, fin , souple et résistant, combat déloyal de grosses firmes pour évincer l’apparition de matière infilable dans les prémices de la société de consommation, un effort de guerre est demandé aux utilisatrices américaines lors de la seconde guerre mondiale : rendre leurs bas afin qu’ils soient fondus et retissés pour les toiles de parachute. A l’inverse, combien de femmes ont recyclé ces parachutes en cousant habilement de magnifiques sous-vêtements. Pénurie de matières premières , le système D n’empêche pas la coquetterie . Brou de noix et autre colorant sont appliqués sur la peau en trompe l’œil (un avant- gout du body painting !)
Les années 80 et l’avancée de nouvelles textures issues de la pétrochimie , l’apparition de l’élasthanne, des microfibres relancent le marché du bas qui s’agrippe désormais en haut des cuisses par une bande autofixante faisant délaisser les jarretelles. Elégance et sensualité, objet de culte ou esprit rebelle le bas se porte toujours haut et fort en couleurs, en matières, en motifs.
Ajouré lorsqu’il est bas résille, orné d’un fileté longitudinal lorsqu’il est bas couture, il n’en a pas fini d’en découdre avec les collants, les grandes chaussettes montant au dessus du genou. La créativité des designers et faiseurs de mode jouent d’ingéniosité en le mettant à toutes les sauces, en le déstructurant, le trouant, le filant (grunge et punk, urbain même ), Le shorty , lui aussi s’ennoblit et fera partie intégrante d’une tenue sophistiquée pouvant accrocher à son tour ces bas en haut de vos cuisses.
N’oublions pas le jupon , le fond de robe ou combinaison même si , passé de mode, seules nos mères ou nos grands-mères les portent encore . Un petit regain les avait fait être portés au grand air , autre dessous à passer dessus, micro phénomène de mode vite dépassé par les fashion victimes. Les dessus dessous ou la mise en valeur du corps, du luxe, du raffinement, la dentelle , puncta in aera (points en l’air) , decorum des hommes et ecclésiastiques à l’encolure au bas des manches , des costumes de cour aux robes de prélats ces ornements enchantent les dames et leurs multiples jupons . Les jabots, les jarretières et même les bords de bottes souples en sont garnis.
Sens dessus dessous après cette liste de lingerie? Bas ou collant? String ou culotte? A vous de choisir, à vous de combiner ensemble ces différentes pièces. Confort ou séduction, plaisir personnel que de sentir sur sa peau douceur et élégance . De sensuelle, glamour attention de ne pas tomber dans le ridicule , le burlesque frisant même le vulgaire.
Paraitre plus qu’être , de la belle à la rebelle , de la provocatrice à la péripatéticienne aguichant le client , il n’y a qu’un fil, tout comme un bas filé, une maille résille. Les gouts et les couleurs sont affaire personnelle . Et pourquoi ne pas inverser les rôles et transformer vos hommes, votre partenaire de jeu en homme -objet en jouant de votre lingerie comme élément de stimulation, réveil de leur libido , titiller leur imaginaire en se rapprochant de leurs fantasmes et mettre en valeur en habillant leur objet de fétichisme ( jambes, pieds, chevilles, genoux, fesses, chute de reins, seins ou gorge, à chacun sa petite région charnelle, corporelle qu’ils déshabilleront du regard et du bout des doigts ou pire …)
Strip tease et pole danse , un art d’une plaisante provocation de leurs sens . Un petit air boudeur pour sortir du boudoir, sage taquine, coquine affriolante, mutine gourmandise à chacune sa tenue chic ou choc, cuir, latex, dentelle ou soie , voiler ou dévoiler le désir de se plaire , de mystère.
Transformation du corps naturel en corps culturel , poids des convenance et de la bienséance, cacher ou dévoiler un peu de chair, un peu d’intime , moraliser ou transgresser, érotiser ou camoufler , ces sous-vêtements accrocheurs ou contraignant en dévoilent plus sur les reflets des sociétés et civilisations à travers l’histoire et la place de la femme au travers des âges . L’être et le paraitre, jeu de domination , de contrôle, de pouvoirs. La lingerie fine , tout comme un bijou, un parfum expression de l’éternel féminin .
octobre 21, 2015
Catégories : Curiosité, Divertissement, Mode . Étiquettes : Corps, femme, Histoire, Lingerie, Séduction . Auteur : pascalelafraise . Comments: Laisser un commentaire